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Regards sur l’Azerbaïdjan

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Cette rubrique est composée de deux parties : une note rédigée par Enerdata et le Trilemme de l’énergie de l’Azerbaïdjan, issu des travaux du Conseil Mondial de l’Énergie.

Politiques énergétiques

En 2023, le secteur des hydrocarbures représente 89 % des exportations totales de biens et 45 % du PIB. L’économie est donc fortement dépendante du pétrole et du gaz, et la balance commerciale est vulnérable aux fluctuations des prix de l’énergie. Le Fonds pétrolier national de la République d’Azerbaïdjan (SOFAZ) a été créé en 1999 pour gérer les revenus des hydrocarbures. Les objectifs de ce fonds sont de limiter la dépendance du pays aux recettes pétrolières et gazières, de préserver la stabilité macroéconomique et d’assurer l’égalité entre les générations en ce qui concerne la richesse du sous-sol.  Le SOFAZ doit servir également à financer la diversification de l’économie azerbaïdjanaise. En avril 2024, les actifs du SOFAZ atteignaient 57 milliards de dollars (environ 80 % du PIB du pays, contre 10 % en 2007).

L’Azerbaijan Renewable Energy Agency (AREA) a été créée en 2020 pour développer et mettre en œuvre des projets d’énergie renouvelable, en collaboration avec diverses entreprises. L’objectif principal de l’agence est d’augmenter la part des énergies renouvelables dans la capacité électrique jusqu’à 30 % d'ici à 2030 (20 % en 2023). La « feuille de route sur l’utilisation de l’énergie éolienne en mer en Azerbaïdjan » (2022) a identifié le potentiel de l’éolien en mer entre 1,5 et 7 GW d'ici à 2040. Elle fournit une vision stratégique dans le cadre de deux scénarios (un scénario de faible croissance et un scénario de forte croissance) afin de soutenir la prise de décision concernant les réglementations, les cadres et les infrastructures liés à cette technologie.

Dans sa première contribution déterminée au niveau national (CDN), l’Azerbaïdjan s’est engagé à réduire son niveau d’émissions de gaz à effet de serre (GES) de 35 % d'ici à 2030 par rapport à 1990.  En 2023, une deuxième CDN a été publiée, visant une réduction de 40 % d'ici à 2050. Selon la base de données EDGAR, les émissions de GES ont augmenté de 80 % depuis 1997, atteignant 69 MtCO2eq en 2021, après une réduction de 45 % entre 1990 et 1997. En 2022, elles se situent à peu près au même niveau qu’en 1990, donc assez loin de l’objectif pour 2030. Les émissions de CO2 provenant de la combustion d’énergie ont augmenté d’environ 4 % par an depuis 2010 pour atteindre 39 MtCO2. Elles ont crû rapidement entre 2010 et 2014 (+ 7 %/an), avant de connaître un ralentissement de 2014 à 2023 (+ 3 %/an).

Approvisionnement en énergie

L’Azerbaïdjan dispose d’importantes réserves d’hydrocarbures : 952 Mt pour le pétrole et 1 917 milliards de mètres cubes pour le gaz (fin 2023). Les ressources hydroélectriques sont relativement abondantes (43 TWh) et seule une petite partie est exploitée (7 TWh). Les potentiels d’énergie solaire et éolienne sont estimés à environ 23 GW et 3 GW, respectivement.

La capacité électrique est de 8,3 GW, le thermique représentant 80 % du total et l’hydroélectrique 15 % (fin 2023).

Figure 1. Capacités installées en Azerbaïdjan (2023)

Capacités installées en Azerbaïdjan (2023)

Source : Enerdata, Global Energy & CO2 Data

La production d’électricité est restée stable en 2023 (environ 29 TWh), après une croissance de 7 % par an sur 2020-2022. Le gaz constitue l’essentiel du mix électrique, avec 91 % en 2023, tandis que la part de l’hydraulique est de 6 %.

La production de pétrole diminue depuis 2010, d’environ 4 % par an, passant de 51 Mt à 30 Mt en 2023 (- 40 %). Par le passé, les investissements étrangers ont fortement stimulé la production de pétrole du pays, qui a plus que triplé entre 2004 et 2010, en partie grâce au démarrage du gisement de gaz de Shah Deniz en 2006.

La production de gaz a plus que doublé depuis 2010, atteignant 37 milliards de mètres cubes en 2023, principalement grâce à la mise en service du gisement de gaz de Shah Deniz 2 (SD-2). Le pays exporte du gaz depuis 2007, à la suite de la mise en service de Shah Deniz. Les exportations ont plus que triplé depuis 2012, atteignant 25 milliards de mètres cubes en 2023 (+ 12 %/an).

Le projet d’interconnexion gazière Trans-Anatolian Natural Gas Pipeline (TANAP), d’une capacité de 16 milliards de mètres cubes par an, a été mis en service en 2018. Jusqu’à 6 milliards de mètres cubes par an sont destinés à la Turquie et 10 milliards de mètres cubes par an sont acheminés vers l’Europe via le projet de gazoduc transadriatique (TAP). Ce pipeline de 1 850 km est également relié au gazoduc existant du Caucase du Sud (Bakou-Tbilissi-Erzurum, de l’Azerbaïdjan à la Turquie en passant par la Géorgie) et fournit du gaz provenant du projet SD-2.

Figure 2. Production d’électricité brute par source (1990-2023)

Production d’électricité brute par source

Source : Enerdata, Global Energy & CO2 Data

Consommation d’énergie

La consommation par habitant était d’environ 1,6 tep en 2021, dont 2 330 kWh d’électricité.  La consommation totale d’énergie a augmenté de 6 % par an entre 2020 et 2022 et est restée stable en 2023 (17 Mtep). Elle a augmenté très rapidement en 2019 (+ 9 %) et a baissé de 3 % en 2020. L’intensité énergétique du PIB augmente de 2 % par an depuis 2010, après avoir baissé de 13 % par an sur la période 2000-2010. Elle reste aujourd’hui supérieure d’environ 70 % à celle de l’UE (en parité de pouvoir d’achat). En 2021, le gaz représentait deux tiers de la consommation totale d’énergie et le pétrole environ un tiers.

Enjeux et perspectives

Le pays s’est fixé trois objectifs principaux dans le domaine des hydrocarbures : développer ses ressources pétrolières et gazières, moderniser son industrie pétrochimique et renforcer son infrastructure de transport pour faciliter les exportations et faire de l’Azerbaïdjan un carrefour pour le transit vers l’Europe.

La capacité de l’oléoduc TANAP devrait être progressivement portée à 23 milliards de mètres cubes par an (dont 18 milliards de mètres cubes par an pour l’Europe) d'ici à 2023-2025, puis à 31 milliards de mètres cubes par an (25 milliards de mètres cubes par an pour l’Europe) après 2026.

Un gazoduc oriental reliant le pays au Turkménistan, le gazoduc transcaspien, est actuellement à l’étude. Ce gazoduc de 300 km de long devrait avoir une capacité de 30 milliards de mètres cubes par an et être relié au gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum. L’Europe est intéressée par ce projet de 5 milliards de dollars (inclus dans la liste des projets d’intérêt commun, PIC, de l’UE) afin de diversifier ses ressources en gaz et de remplacer le gaz russe.

En 2021, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan ont signé un accord pour développer conjointement l’interconnexion Azerbaïdjan-Géorgie-Roumanie (AGRI). Ce projet devrait permettre d’acheminer entre 2 et 8 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an vers l’Europe du Sud-Est. Le gaz serait liquéfié en Géorgie et injecté dans le réseau gazier européen à partir d’un terminal GNL (gaz naturel liquéfié)  à construire en Roumanie. Le coût du projet est estimé entre 1,2 et 4,5 milliards d’euros, en fonction des volumes de gaz fournis. Il s’agit d’un projet PIC de l’UE, mais il en est encore au stade de la planification. En 2019, la Georgian Oil and Gas Corporation a annoncé que le gazoduc serait développé après la période de développement 2024-2026 du champ gazier SD-2.

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